Pierre Ferot
En 1982, nous avions à cette époque une équipe de « curés de choc » à la paroisse Saint-Pierre de Bourg-lès-Valence. Pierre Ferot, en particulier, avait à ce point « incorporé » l’Évangile que lorsqu’il le commentait, il était l’Évangile. Lorsqu’il prêchait, il n’était que le vecteur biologique du Souffle. Il était quelquefois « incandescent » au sens donné à ce mot par Michel Serre, tant sa parole semblait faire une avec lui et avec ce tréfonds d’Humanité qui est au cœur de chacun, mais qui, le plus souvent, est enseveli sous une gangue produite par nos ascendances et sous la poussière de nos propres vies. Pierre avait une parole dérangeante et transformatrice. Nous ressortions habituellement de l’église autres, « démolis et reconstruits » en l’espace de dix minutes. La reconstruction pouvait être plus ou moins bringuebalante, mais on n’était jamais le même après l’avoir entendu.
Il nous parlait peu de Dieu ce qui lui laissait du temps pour nous parler de nous comme JE et comme Nous.