Philippe Laillet

Philippe Laillet était prêtre à Bourg-Lès-Valence lorsque nous sommes venus vivre dans cette commune. 

Nous avons immédiatement sympathisé. Il nous est aussi arrivé de nous accrocher ; une question de caractères.   

Il a été notre référent pour les réunions que nous tenions une fois par mois chez les uns chez les autres pour partager notre vie de cadre d’entreprise et éclairer les événements que nous rencontrions ou que nous devions provoquer, à la lumière de l’Évangile. C’était une pratique du Mouvement des Cadres Chrétiens (MCC) à laquelle nous avions adhéré. 

Il était un excellent orateur et il eut dans la vie de notre famille un rôle déterminant. 

Voici ce que je relate en 2009, dans « Marquons notre temps » et que j’évoque dans ma prise de parole pour l’anniversaire des 40 ans de la création. 

Après des années de sécheresse dans la pratique religieuse, Suzette et moi, avions trouvé dans cette paroisse un réel espace de développement personnel grâce à ses prêtres. En faisant l’exégèse de nos vies à la lumière des Évangiles et en nous encourageant à le faire, ils nous préservaient du risque de basculement de la religion dans la religiosité au profit d’un basculement dans la spiritualité et dans l’action. Je mesure aujourd’hui, à un moment où je me désespère, comme tant de mes amis, d’assister à une certaine fossilisation de l’Église, que l’homme que je construis est un pur produit de la liberté qu’ils m’ont enseigné. La seule limite qui me retient de me voir comme leur disciple au sens développé ci-dessus tient au fait que je ne dois pas confondre mon chemin avec mon but et que ma dimension spirituelle n’est pas aujourd’hui réduite à la seule pratique d’une religion. 

Dans un ouvrage à venir, « D’homme à Homme », j’aurai l’occasion de m’expliquer sur cette vision assez Spinozienne. 

« Le sermon du 21 novembre 1981 portait sur la parabole des talents, et Philippe n’en manquait pas pour en parler, au point que tous les arguments que j’avais réunis en vue de ma décision furent transposés en talents. Si j’avais bien compris le message évangélique, je me devais de les faire fructifier, ou au moins ne pas les enterrer. 

De retour à la maison, la porte immédiatement passée, avant même de la refermer, ayant fini « d’incuber » pendant le court trajet, je dis à Suzette : « Je souhaite faire le choix de créer l’entreprise. Tout ce que je sais, ce qui m’a été transmis, ce que j’ai appris par moi-même, et notamment de ce marché du jet d’encre, le désir partagé de plusieurs personnes, ta confiance, nous ne pouvons pas enterrer cela. 

Je ne sais plus quelle fut la forme exacte de sa réponse pour donner son accord, mais je sais que je l’ai reçue comme l’un de ces bisous ou de ces regards qui contiennent tout. 

Entre des êtres qui s’aiment, il n’y a pas de différence entre la formulation de la demande et l’expression de la réponse. La verbalisation n’est que la constatation a posteriori d’un aval autoréférent symétrique aux actions respectives dont les caractéristiques principales sont la confiance et la gratuité. » 

Il était très engagé avec l’ASTIV, Association de Soutien aux Travailleurs Immigrés de Valence. Il fut au cœur d’un événement qui fit date en 1972 relaté à cette adresse : « Crevons la faim. Joyeux Noël ! » (openedition.org) 

Philippe porte la chemise bleu roi. À sa droite André Colombet son confrère.