Michel Rémi, le margénial
Michel Rémi était un personnage tout à fait à part. il était rentré à la SNCF comme ajusteur. Il y exerça le métier de contrôleur des voies.
Il avait un gout immodéré pour la ferraille, je devrais dire, les ferrailles. Il me raconta comment lorsqu’il habitait encore Paris, il chinait dans les rues les pièces de métal inspirantes. À cet effet il avait toujours avec lui son sac à dos. Il aimait se promener sur les terres de champs de bataille des deux guerres, pour y dénicher des reliquats de projectiles.
À la retraite, il avait acquis une petite porcherie à Saint Alban Auriole qu’il désaffectât pour en faire son chez moi au prix d’une modeste extension. Il y avait à l’extérieur ses ferrailles et dans un terrain digne du bois de Païolive, les réalisations sculpturales. Celles-ci étaient à la mesure de sa culture artistique et d’histoire de l’art reflétées par la qualité des échanges d’une conversation courante avec lui et par sa bibliothèque.
Il refusait à propos de ses œuvres toute transaction financière. Entre nous, il ne fut question que d’échanges de dons. Je lui adressai un de mes livres à chaque parution et il me fit don d’une œuvre qu’avec son accord j’ai installé dans le jardin à la porte du To.
Son cercle d’amis était très resserré. Lorsqu’Alain Bachelet me proposa de me le présenter, il me fait part de la possibilité qu’il me rejette. Ce ne fus pas le cas, au contraire et après son décès, que j’appris tardivement, sa fille m’adressa une carte postale dans laquelle elle tenait à me dire à quel point il avait nourri avec moi une forte amitié. Il lui en avait fait part.
Malheureusement, cette carte postale ne portait pas son adresse et mes recherches sont pour le moment restées vaines.
Il m’avait confié bien des choses passionnantes sur sa vie et j’avais pensé qu’il méritait que celle-ci soit racontée. Nous n’avons pas pris le temps de mener à bien le travail d’écriture dont il avait accepté l’idée et le titre : Michel Rémi, le margénial.