La prépa

Les candidats au concours d’entrée à l’ECAM (École Catholique d’Arts et Métiers) devaient présenter le diplôme universitaire MPC (Math, Physique et Chimie).  

Les épreuves comportaient un écrit, des travaux pratiques et un oral. 

L’école finançait l’appointement de thésards qui venaient nous préparer à l’oral en se plaçant dans les conditions réelles de celui-ci. Le sujet était fixé par tirage au sort dans un panier. J’avais parfaitement maîtrisé le sujet obtenu pour l’épreuve à blanc. Le thésard m’accorda 18 sur 20. 

Je me suis présenté à l’épreuve la semaine suivante.   

Le tirage au sort me donne le même sujet. Je commence alors mon exposé avec une particulière aisance. 

Le professeur Cueilleron m’interrompt : « de quel établissement venez-vous ? »  

Moi : « Je viens des lazaristes ». 

Le professeur : « C’est quoi ça ? » 

Moi : C’est une école préparatoire au concours d’entrée à l’ECAM. 

Il marque un temps. La réponse ne correspond pas à la raison pour laquelle il a posé sa question. Peut-être avait-il senti un candidat qui l’intéressait pour son labo ? 

Une autre motivation se profile alors. Le taux de réussite de nos deux classes auxquelles on accède par concours est supérieur à 90% alors qu’il est très inférieur à 50% pour les étudiants issus de l’université. 
Il me donne un autre sujet qu’il choisit lui-même et il me « plante ». 

Par la même occasion, il me prive du diplôme. 

Cette situation illégale, immorale, contraire à l’éthique professionnelle a quand même son revers positif, elle a donné à connaître sur la petitesse possible de l’homme, fut-il une éminence dans son domaine technique. Même un professeur réputé peut perdre la raison en situation de stress émotionnel sur fonds de terreau idéologique.